- Le Regard des Pendus -

Sous le grand Labyrinthe éraillé
S’étalent, se bousculent,s’éreintent
Des stèles majestueuses
Toutes entières érigées
Sur les montagnes creuses
Faite de vapeur et de cendre
Recouvertes de la fumé des bois tendres,
Cachées…

Si enfouies qu’on les croirait perdues
Qu’il n’y a plus de soleil,
Ni de pain,
Ni de blè.
Que des grands meurtriers aux visages familiers
à la peau dépolit.
Et le long de long fils barbelé
On lit, sur de crades enseignes industrielles
«Ignominie, va ma belle »
Et plus rien ne compte,
Si ça n’est l’heure exacte et le son des voyelles
Prononcé toujours plus/
Recommencé sans cesse/
C’est que tout ou presque par ici
S’éructent S’exacerbent, Se ressent,
C’est que tout ou presque par ici
Se vit dans l’ombre de l’autre.
L’autre...
Celui avec les grandes dents
Et le poil si soyeux et si souple
Qu’en se couchant contre son flan
On éclate de rire, on se rêve on chaloupe.
C’est que tout ou presque par ici
Se regardent de par l’œil des pendus
C’est que tout ou presque par ici
Ne se voit que dans l’aube disparue.

Mais merde !

On entend déjà lorgner aux quatre coins du globe
Bien plus que le rire gras des journaux obsolètes
Y’a comme un souffle, une onde légère qui surnage
Vous n’l’entendez pas/Vous n’la verrez pas non plus / Vous n’la sentirez plus !
C’est que d’ici, d’où je suis, on n’entend plus les libellules
Mais les hélices d’un ventilateur…
On y a laissé des vagues c’est sûr, perdu des heures c’est certain.
Oublier jusqu’au son des cathédrales, jusqu’à la couleur de tes râles/ A n’en plus finir
– et finir par prier pourtant.
Pourtant…
Pourtant, on voudrait revenir, y revenir serein.
 S’y foudroyer d’ordure, s’ébrouer en son sein, se couler dans l’or pur,
et revenir serein.
C’est que d’ici, d’où je suis, on ne regarde dans l’ombre qu’avec le regard des pendus.
C’est que d’ici, d’où je suis, on ne reconnaît l’ombre qu’à sa portée disparue