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- Symétries Inversées -
14 février 2008

- Sous les néons (Partie a) -

Oh la vache la vache la vache !!!

 Il a tourné la tête vers moi et je me suis planqué dans le rayon bio.

Oh la vache la vache la vache !!!

 J’ai fais semblant de m’intéresser à un riz équitable hors de prix. J’ai rarement vu un type qui dégage ça. Merde, comment c’est possible de faire des trucs comme ça avec des yeux ? Pourquoi je rencontre toujours des types dans des endroits glauques ? Néons, cadis, produits dégueus dans tous les sens. Société de consommation de merde !

Tu serais né dans une société de chasseur cueilleur, c’est dans la forêt que tu l’aurais traqué ton mec. Ca aurai eut une autre gueule quand même.

Je l’ai suivi dans le rayon des brosses à dents. Il en a pris une bleue et rouge avec tête rotative et brosse à langue. Sophistiqué : j’adore. J’ai imaginé sa langue et sa bouche, je mouillais carrément. La vache ! J’ai pris un truc pas cher pour me calmer et je me suis envoyé tout le rayon surgelé pour être sur de pas lui sauté dessus. Il y a certaines situations qu’il ne faut pas sous-estimer. On peut jamais être complètement à l’abri des ces pulsions embarrassantes. Vous savez, celles qui vous malmènent par le bout du nez. Je me sentais comme une ânesse, avec le cul de ce type comme carotte. Parole. Je l’ai rattrapé dans un rayon de truc de conserve.

Trouve un truc intelligent à lui dire, trouve un truc intelligent à lui dire !!!

Lui parler, lui parler. Calmement, ça va bien se passer. T’en a vu d’autre aller, accroche toi. Compte jusqu’à trois…

Respire…

Voiiiilà. Calme toi…

Respire…

-Salut. Ca roule ?

C’est con ce que tu dis là, complètement con… Trouve autre chose. Vite. Je réfléchissais à toute allure entre les conserves de maquereau et les boîtes de thon. Putain d’odeur, j’arrivais pas à me concentrer sur un truc intelligent. Merde merde merde…

Respire…

J’ai croisé tous mes doigts entre eux et j’ai eut un mal de chien à les démêler. L’odeur de poissons me prenait à la gorge et je respirais à toute vitesse pour réussir à chopper un peu d’air sain. J’étais dans un état pas possible, mes mains étaient sèches comme des bambous. Je n’arrêtais pas de les tordre comme une damnée.

-Ca va oui. Tu cherche un truc ?

Oh la vache, oh la vache. Il me parle. Vite vite répond. Aller !

-Euh non ! non, je cherche rien de spécial. Je fais mes courses, voilà tout. Enfin, tu vois bien que je fais mes courses. Hein ? Oui enfin je veux dire on est dans un super marché. Quoi d’autre ?

Putain, t’es nulle.

-Ok.

Il se casse Il se casse rattrape Le ! bouge tes fesses !

 A partir de ce jour, j’ai détesté les magasins de bouffe : mes talons claquaient à toute vitesse sur le carrelage et la roue de mon cadi couinait sans arrêt. TAC TAC COUIC TAC TAC COUIC TAC TAC COUIC.

Arrête le massacre Julie arrête.

TAC TAC COUIC TAC TAC COUIC

tout le monde te regarde ma fille arrête tout de suite. Tu vas pas courir derrière un Type dans un super marché. Quand même…

 Et bien si ! J’ai balancé mes talons dans le cadi et j’ai laissé le chariot en plein milieu de l’allée.

-Attends ! Attends ! S’il te plaît, attends un peu.

 J’ai rattrapé le mec devant le rayon de lingerie.

Qu’est ce qu’il fout là ? Peut importe. Concentre toi ma vieille, concentre toi.

-Euh oui attends. En fait si. D’accord, ok, je cherche quelque chose. Alors voilà, je cherche à attirer ton attention. Ouais, voilà, tu me plais.

 C’est après coup, que j’ai réalisé que c’était un peu direct. J’avais connu pas mal de mec dans ma vie. Des types biens, comme des connards finis. J’en avais pas tiré grand chose juste deux trois trucs d’ordre général sur les mecs. Et ne jamais dire un truc brutalement à un garçon faisait partis de ces choses là. Rare sont ceux qui ont assez de répartis et d’imagination pour répondre avec intelligence. Même les types les mieux en vue ont des difficultés avec la brutalité des mots. En général, ils se contentent de rigoler grassement et finissent par te dire de te tirer en vitesse. C’est de ce genre de trucs que sont capables les mecs.

Et celui là était un peu comme les autres, mais en mieux. Il avait ce truc. Un truc tellement incroyable que je n’ai même pas prêté attention à son rire pathétique :

-Je suis marié.

 Comme si j’allais lui sauter dessus. Il m’a même fais voir son alliance pour me montrer qu’il déconnait pas. Et alors… J’ai rigolé un peu niaisement. Non, en fait c’était tellement niais comme rire que j’ai été surprise de pouvoir faire sortir un son comme ça de ma bouche. Je suis resté les bras comme une conne un long moment mais le type c’est pas cassé pour autant. Il a même cru bon de rajouter, je suis désolé. C’était pas forcement nécessaire, surtout qu’il y avait de grandes chances pour qu’il n’en ait rien à foutre.

 

T’es conne Julie, t’es conne. Vraiment trop conne. Tu peux pas faire attention une fois dans ta vie. Pauvre fille. Allez casse toi !

 Evidement j’ai pas bougé d’un pouce. J’ai même pris le parti de regarder le type. Juste pour lire la déception dans ses yeux. Je suis une fille canon après tout.

Il a les yeux verts ! Des magnifiques yeux verts. Oh lalalalala. Reprends toi ! C’est pas grave c’est que des yeux. Ok des yeux verts magnifiques, mais des yeux quand même.

 Le froid du carrelage commençait à se faufiler au travers de mon collant. J’ai croisé mes bras en posant mes mains sur mes épaules. J’en ai profité pour écraser un peu mes seins. Ca a fait durcir le bout. L’idée est partie de là, comment ce type, tout à fait mignon ok mais aussi tout à fait banal pouvait ne PAS s’intéresser à une nana comme moi. Je veux dire à une nana aussi canon que moi ! Beaucoup de filles n’ont pas conscience de leur pouvoir et c’est pour ça qu’elles en chient. Moi, je connaissais par cœur toutes les ruses.

Je vais le faire baver ce type. Il va voir ce qu’il loupe. Alors mon grand, je te plais ? Tu bandes ? Hein ? Fais voir !

 Evidement, Il s’est cassé et je suis restée comme une conne les bras en croix à côté d’un string rose à diamants. Ecoeurant. Les nanas ne savent plus quoi inventer pour passer la nuit avec un mec. J’ai balancé le string dans mon cadi, à côté de mes chaussures, et je suis aller payer. SLAP SLAP COUIC SLAP SLAP COUIC !

 Au début, j’ai pas accordé trop d’importance à l’épisode du supermarché, c’est après, que ça a commencé à me travailler. J’ai commencé à tilter quand je me suis aperçue que j’avais laissé les courses dans le coffre et je me suis inquiétée quand je me suis rendue compte que cela faisait trois semaines ! La malle arrière puait tellement que j’ai pas eut le courage de virer toutes les merdes qui moisissaient dedans. J’ai juste sauvé le petit string rose d’un magma de tomate banane. Pwoua, cette odeur ! Le truc rose puait carrément et j’ai dût le laver une bonne dizaine de fois pour arrêter le massacre.

Juliejuliejuliejuliejulie. Ca va pas non ? Tu crois pas que t’es un peux bizarre comme nana ? Tu t’es jamais posé cette question ? Non. Et bien tu devrais. Fait moi confiance, t’es complètement à côté e pompes ! Putain Julie merde/tu vas finir chez les barjos si tu continue comme ça/Tu délires à plein tube !

 Tout cela n’avait pas vraiment de sens. Ok je n’avais pas mangé grand chose mais je ne m’étais pas non plus laissé mourir de faim. Après tout, j’avais juste oublié les courses dans le coffre. Certaines personnes seraient aller consulter pour moins que ça. Pour moi, c’était juste un oubli, voilà tout. Pas de quoi s’affoler pour l’instant.

Jusqu’à ce que je retrouve les courses dans mon coffre, je n’avais pas pensé au type du supermarché. Mais depuis, il ne sortait plus de ma tête. A ce moment là, peut être que j’aurai dût me reprendre en main. Je devenais obsessionnelle.

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